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Initiation chrétienne : la Confirmation (2/3) par le Père Lautent Sentis

L’huile était d’abord utilisée comme nourriture (voir Jérémie 31,12 ; 40,10 ; 41,8 ; Ezéchiel 16,13). Elle servait aussi pour alimenter les lampes et fournir un éclairage (Exode 27,20 ; Mathieu 25,3). Elle était aussi le principal médicament pour toutes sortes de blessures et de maladies (Isaïe 1,6 ; Ezéchiel 16,9 ; Marc 6,3 ; Luc 10,34). Comme nous l’avons vu dans l’article précédent, elle servait aussi pour le sport. Cet usage, à vrai dire, n’est pas mentionné dans la Bible mais très répandu dans le monde grec. Enfin, et c’est ce qui nous déconcerte le plus, l’huile servait comme parfum et produit de beauté (Psaume 103,15 ; 132,2 ; 44,8 Amos 6,6, Luc 7,46 ; Jean 11,2).

Cette huile parfumée était employée en particulier pour marquer le roi au jour de son avènement. Le roi était couramment désigné comme l’Oint du Seigneur. Le mot français oint traduit le mot hébreu Messie et le mot grec Christ. Quand on parle du Messie ou du Christ, on désigne le roi consacré par l’onction. De façon plus rare, l’onction était donnée à des sacrificateurs et à des prophètes. En particulier en Isaïe 61,1 il s’agit d’un prophète. Ce point est important car Jésus utilise la prophétie d’Isaïe 61,1 pour se désigner lui-même en Luc 4. Et Matthieu au chapitre 5 fait manifestement allusion à ce même passage. Nous comprenons maintenant pourquoi Jésus est désigné comme Christ à la fois sacrificateur, prophète et roi. Pourtant, Jésus n’a pas été oint de façon rituelle et n’a pas davantage prescrit d’onction rituelle. Car il a reçu l’onction de l’Esprit Saint de toute éternité.

Les premiers chrétiens qui connaissaient bien la Bible étaient sensibles à ce symbolisme et l’Eglise a fait abondamment usage de l’huile. En fait, il faut distinguer trois huiles. L’huile des catéchumènes est utilisée pour la préparation au baptême, comme nous l’avons déjà signalé. L’huile des malades sert pour donner le sacrement des malades. Enfin, l’huile parfumée est utilisée pour consacrer les personnes et les objets. Cette huile parfumée est nommée le Saint Chrême. Chrême vient du grec chrisma qui est de la même famille que Christ et qui signifie l’onguent, la substance utilisée pour donner une onction. Ce chrême, selon la tradition de l’Eglise, est consacré par l’évêque le jour du Jeudi saint, au cours d’une messe très particulière et très solennelle qu’on appelle la messe chrismale. Au cours de cette messe, l’évêque bénit aussi l’huile des catéchumènes et l’huile des malades.

Revenons à la cérémonie du baptême et remarquons un point important : parmi les onctions d’huile parfumée (le Saint Chrême) qui suivent le bain du baptême, la dernière est faite sur le front par l’évêque. Cette onction donnée par l’évêque (qui en grec est nommée chrismation) est l’origine de notre sacrement de Confirmation. La portée de cette onction est facile à percevoir : par elle, le chrétien est lié plus profondément à celui qui par excellence est l’Oint, c’est-à-dire Jésus.

Dans l’histoire de l’Eglise, une évolution a été rendue nécessaire lorsque le baptême des petits enfants a été généralisé. Mais elle s’est faite différemment en Orient et en Occident. En Orient, le prêtre qui célèbre le baptême du petit enfant donne immédiatement la chrismation et la communion (au précieux sang). En Occident, du fait que l’évêque se réserve la chrismation, les deux sacrements sont dissociés. On retarde donc l’accès à l’Eucharistie. La catéchèse des enfants se met en place au XVIe siècle. Au XVIIe, saint Vincent de Paul a eu l’idée de faire de la première communion une communion solennelle qui venait couronner quatre années de catéchisme. Ce nouvel équilibre a été perturbé lorsque le pape Pie X a autorisé la communion des enfants à partir de l’âge de sept ans. On a alors inventé la fameuse communion privée. Mais comme les gens étaient attachés au rituel de la communion solennelle, on a voulu maintenir une fête que l’on a appelé le renouvellement des promesses du baptême, ou Profession de Foi.

Retenons le symbolisme de la confirmation : l’onction d’huile parfumée nous configure au Christ sacrificateur, prophète et roi. Par elle, nous sommes invités à répandre la bonne odeur de l’Esprit Saint et à transmettre la bonne Nouvelle du Salut.

Père Laurent Sentis